Réseau

Projet ASEPA (en Suisse)

Un projet RESSPIR
Résumé

Accompagnement Spirituel et Existentiel des personnes âgées de plus de 65 ans suivies par des prestataires de soins à domicile

Présentation de l’étude :


La politique sanitaire du canton de Vaud (en Suisse) vise le maintien le plus longtemps possible des personnes âgées à domicile. L’éventuel retrait social consécutif au vieillissement diminue les possibilités qu’ont les personnes âgées de pouvoir bénéficier d’un accompagnement existentiel et spirituel.

En effet, alors que les institutions de soins résidentielles (hôpitaux, établissements médico-sociaux) sont dotées de prestations dont l’aumônerie, il apparaît qu’un accompagnement spirituel, dans un modèle de soins holistiques, soit nécessaire pour répondre aux besoins spirituels et existentiels des personnes âgées vivant à domicile. Jusqu’à un passé récent, cette tâche était traditionnellement assurée par les institutions ecclésiales, selon une logique territoriale paroissiale pour la grande majorité de la population qui se déclarait soit protestante, soit catholique. Or, avec la diversité grandissante des formes de religiosité et de spiritualité dans la population, les besoins existentiels et spirituels des personnes âgées se sont complexifiés car celles-ci ne sont plus seulement affiliées aux religions instituées, mais disposent de références spirituelles multiples.

Il importe que différentes stratégies et offres d’accompagnement soient offertes de sorte que la personne vivant à domicile qui aurait un besoin d’accompagnement spirituel ou existentiel bénéficie d’un choix. A cet effet, un·e référent·e spirituel·le intégré·e dans les équipes des prestataires d’aide et de soins serait en mesure de mettre les personnes âgées en contact avec les ressources correspondant à leurs besoins.

L’objectif de notre projet est une meilleure intégration de l’accompagnement spirituel et existentiel des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans vivant à domicile. Il se centre sur les bénéficiaires des soins à domicile, présentant plus de risque d’isolement en raison d’une mobilité qui tend à décroître. Ce projet vise l’implémentation et l’évaluation d’un dispositif au sein de trois institutions de soins à domicile du canton de Vaud – deux centres médico-sociaux (ci-après CMS) (Renens et Cully) et une institution privée (Soins Volants-Clarens) – afin d’évaluer la pertinence, les conditions de faisabilité et de pérennisation de ce modèle d’accompagnement.

Les moyens mis en œuvre sont :

  1. La proposition de l’adjonction d’une référente spirituelle au dispositif des prestataires d’aide et de soins à domicile,
  2. La formation de personnes-ressources dans le personnel des prestataires d’aide et de soins à domicile qui collaborent avec la référente spirituelle, et
  3. L’observation de la mise en place du dispositif en vue de son amélioration sur trois ans.

La tenue de focus groupes et la réalisation d’entretiens avec des bénéficiaires de l’intervention, avec des employé-e-s des prestataires de soins à domicile, avec les personnes-ressources et les référentes spirituelles, ainsi qu’avec les directions des prestataires de soins à domicile permettront d’observer et d’ajuster ce modèle d’accompagnement.

La durée du projet : 3 ans (janvier 2024 – décembre 2026)

Equipe de recherche :


L’équipe de ce projet est composée de chercheur-e-s et professionel-le-s de l’Institut des sciences sociales des religions (ISSR) de l’Université de Lausanne (UNIL), du Département de la pastorale Santé de l’Eglise catholique Vaud, ainsi que de la Haute Ecole de Santé du canton de Vaud (HESAV).

Les requérant·es de l’étude : Pierre-Yves Brandt (UNIL), Rachel Démolis (HESAV), Giampiero Gullo (Dpt Santé Eglise Catholique VD - CADEMS) ;

L’équipe de chercheur·es : Rachel Démolis (HESAV), Laeticia Stauffer (UNIL) ;

Les référentes spirituelles : Valdone Kupsiene et Laurence Pesenti (Eglise Catholique VD) ;

L’équipe de formation : Gabriela Matter Puons (Hôpital de Lavaux), Annette Mayer (Eglise catholique VD), Gina Sobral (HESAV, responsable formation) ;

Service de communication HESAV : Sandrine Graf.

Ce projet est financé par l’Etat de Vaud dans le cadre de l’appel à projet « Vieillir 2030 ».

Les partenaires de terrain :


Trois prestataires de soins à domicile :

- APREMADOL (CMS de Bussigny et Villars-Ste-Croix, CMS d’Ecublens, Saint-Sulpice et Chavannes-près-Renens, CMS de Renens Nord-Crissier, CMS de Renens Sud)

- APROMAD (CMS de Cully, CMS d’Echallens, CMS d’Epalinges, CMS du Mont, CMS d’Oron, CMS de Prilly Nord, CMS de Prilly Sud, CMS de Pully),

- Soins Volants (Équipes mobiles de Lausanne, Lavaux, Vevey, La Tour-de-Peilz, Clarens Blonay, Montreux)

Plus d’informations sur notre site internet :

https://www.unil.ch/issr/home/menuinst/recherches/psychologie-de-la-religion/recherches-en-cours/ASEPA.html

Actu (juin 2025) :

Témoignage de Roseline Leyvraz, retraitée :
« L’accompagnement spirituel m’offre une autre voie d’écoute et d’acceptation »

Dans le cadre de sa politique Vieillir 2030, le Département de la santé et de l’action sociale soutient une quarantaine de projets pilotes. Roselyne Leyvraz bénéficie de l’accompagnement spirituel et existentiel à domicile, qui est l’un de ces projets, mené conjointement par l’Institut des sciences sociales des religions de l’Université de Lausanne, la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) et le Conseil œcuménique d’aumônerie en établissement médico-social (CADEMS).

Des yeux bleus très clairs, des cheveux flamboyants et un pull éclatant : Roseline Leyvraz irradie d’énergie. Agée de 76 ans, elle fait partie des personnes qui ont souhaité participer au projet « Accompagnement spirituel et existentiel des seniors à domicile » (ASEPA), l’un des quelque 40 projets pilotes soutenus par le Département de la santé et de l’action sociale dans le cadre de sa politique Vieillir 2030. Ce projet est déployé en partenariat avec les CMS de Cully et de Renens, ainsi qu’avec l’organisation de soins à domicile « Les soins volants ».

Les CMS interviennent pour identifier les personnes qui pourraient bénéficier de cet accompagnement, puis une référente spirituelle du projet ASEPA rend une première visite à la candidate ou au candidat, pour évaluer le type d’accompagnement adapté. « Nous évaluons avec la personne ses besoins, ses ressources et ses attentes. En fonction de ses souhaits, nous pouvons l’aider à faire son chemin dans ce qu’elle vit. Mais nous pouvons aussi l’orienter vers des partenaires du réseau. Cela peut aussi bien être la Croix-Rouge que Pro Senectute ou d’autres organismes », indique Laurence Pesenti, aumônière du CADEMS et référente à l’accompagnement existentiel et spirituel ASEPA.

Perte de liberté

Roseline Leyvraz a emménagé en septembre 2024 dans le petit studio qu’elle loue à la Fondation de l’Hôpital de Lavaux, à Cully. « J’ai dû quitter ma petite maison dans les vignes à Corseaux », confie-t-elle. Les séquelles d’un récent AVC ont fortement diminué sa capacité à se mouvoir. La transition n’est pas facile à vivre. D’un caractère très indépendant et énergique, elle avoue être très affectée par sa situation, qui restreint sa liberté de déplacements.

Depuis qu’elle s’est annoncée, Roseline Leyvraz reçoit la visite, tous les mois, de Laurence Pesenti. « J’ai pu lui parler de ma vie, et nous échangeons sur les façons d’intégrer la spiritualité dans mon quotidien. Mais surtout, je dois m’adapter à cette nouvelle situation. Laurence Pesenti m’offre son écoute, et m’aide à trouver une voie d’acceptation par rapport à cette dépendance à autrui », explique-t-elle.

Les difficultés évoquées par Roseline Leyvraz reflètent bien les enjeux identifiés par l’équipe du projet. Selon une étude exploratoire, menée par Pierre-Yves Brandt, professeur de psychologie des religions, et co-responsable du projet, 25% des seniors suivis par des établissements de soins à domicile souhaiteraient un accompagnement de ce type. « Au regard des plus de mille clients 65+ des trois organismes de soins à domicile partenaires du projet, on peut s’attendre à ce que 250 d’entre eux soient concernés par le projet, indique-t-il. À mi-parcours, nous avons une bonne soixantaine de personnes qui se sont inscrites et nous donnent des retours très positifs. »

Également co-responsable du projet, Rachel Démolis, socio-anthropologue la santé à l’HESAV, a suivi des assistantes en soins communautaires et des infirmières du CMS infirmières sur le terrain. « Il y a un grand nombre de personnes qui expriment de la détresse existentielle. Mais elles n’ont pas besoin d’un cadre médical, ni d’une hospitalisation ou d’une médication. Dans ces cas, un suivi par des référents et des référentes spirituelles est moins coûteux pour le système de santé et plus adapté. »

Parmi les différentes préoccupations analysées par l’équipe du projet, l’une d’entre elles a particulièrement surpris Pierre-Yves Brandt et Rachel Démolis. « Certaines personnes ont besoin de parler de violences conjugales, parfois en lien avec la démence de l’un des conjoints », indique Pierre-Yves Brandt. Car les retours du terrain ont permis de mettre en évidence des profils de besoins. « Une personne peut par exemple exprimer le besoin de reprendre des activités qu’elle aimait et qui générait du sens dans sa vie ; mais elle peut aussi demander à se rendre sur la tombe d’un défunt ou se questionner sur la mort, indique l’anthropologue. Elle peut avoir des besoins religieux, ou simplement rechercher un soutien à la suite d’un changement de vie, ou pour renouer avec sa famille. »

Plus d’informations sur Vieillir2030 : www.vd.ch/vieillir-2030