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Compétences spécialisées pour un accompagnement spirituel en milieu de soins

Un projet RESSPIR
Résumé

Un groupe de travail, initié en 2022, a réalisé un état des lieux des référentiels de compétences des professionnels du spiritual care (appelés selon les contextes aumôniers, accompagnant·es spirituel·les, intervenant·es en soins spirituels, etc.) et tenté de proposer un référentiel commun de compétences comprenant les spécificités contextuelles, dans trois pays : la Belgique, la Suisse et le Québec. Chaque séance de travail a été l’occasion de présentations de ce qui existe dans les différents contextes et de discussions pour mettre en évidence les convergences et disparités.

Objectifs

Les membres de ce groupe se sont mis d’accord sur la nécessité de reprendre régulièrement les documents existants vu la nécessité de définir la place de l’accompagnement spirituel dans un milieu de soins en permanente transformation.

Le présent rapport met en évidence 4 points essentiels pour développer des compétences en accompagnement spirituel dans un service de santé qui n'en dispose pas :

1. Intégrer l'accompagnement spirituel dans le cadre institutionnel

2. Développer une identité professionnelle spécifique

3. Travailler en collaboration

4. Se concentrer sur les compétences clés

Télécharger la préface au rapport : rapport et clés pour intégration (résumé)

Télécharger le rapport du séminaire final

Pour télécharger les fiches de relecture, rendez-vous dans notre rubrique "Outils pratiques" ou sur notre page "Formations en ligne".

Participant·es

  • Johanne Lessard (Faculté de théologie de l’université Laval Québec)
  • Marie-Chantal Couture (Centre Spiritualité santé de la Capitale-Nationale – RUISSS – Université Laval, Québec)
  • Jean-Marc Barreau (Professeur adjoint, Institut d’études religieuses (IÉR), université de Montréal
  • Caroline Werbrouck ( Déléguée épiscopale, responsable du Vicariat de la Santé, accompagnatrice spirituelle, Liège )
  • Myriam Gosseye (collaboratrice scientifique Institut de recherche Religions, spiritualités, cultures, sociétés, UCLouvain)
  • Pascal Mosli (accompagnant spirituel, responsable du secteur santé des Eglises réformées de Berne, Jura et Soleure)
  • Mario Drouin (responsable de formation et d’enseignement à l’aumônerie du CHUV, Lausanne)
  • Cosette Odier (responsable de la commission formation du RESSPIR, Lausanne)
  • Dominique Jacquemin (directeur du RESSPIR de 2016 à 2024, UCLouvain)

Préface au rapport

À l'heure où la médecine fait des avancées spectaculaires, nous sommes invités à réfléchir à une dimension souvent négligée dans le parcours de soins : la spiritualité. Ce rapport, résultat de deux années de collaboration intensive et de dialogue entre experts de différents horizons, se propose d'explorer et de définir les contours d'un accompagnement spirituel de qualité en milieu hospitalier. Notre ambition est de reconnaître la spiritualité non pas comme un luxe, mais comme une nécessité inhérente à une prise en charge holistique du patient.

Destiné à une audience large – des professionnels de santé aux décideurs en passant par les accompagnateurs spirituels –, ce document vise à éclairer, à inspirer et à proposer des pistes concrètes pour intégrer l'accompagnement spirituel dans les pratiques de soin. À travers cette démarche, nous aspirons à mettre en lumière l'importance cruciale de la dimension spirituelle dans le bien-être et la récupération des patients.

L'accompagnement spirituel que nous envisageons dépasse le cadre des croyances religieuses pour embrasser une approche inclusive et adaptative, respectueuse de la pluralité des convictions et des besoins spirituels. Cet accompagnement, fondé sur l'empathie et le respect mutuel, est envisagé comme un pilier de la prise en charge des patients, visant à leur apporter un soutien adapté et personnalisé.

Les sept compétences clés mises en avant dans ce rapport forment le socle d'un service d'accompagnement spirituel efficace. Elles reflètent notre engagement à promouvoir une pratique réfléchie, éthique et centrée sur le patient, tout en soulignant l'importance de la formation continue et du développement personnel pour les professionnels impliqués.

Nous reconnaissons les défis inhérents à l'intégration de l'accompagnement spirituel dans le cadre hospitalier, notamment les obstacles organisationnels et les barrières culturelles. Néanmoins, ce rapport se veut un appel à l'action, encourageant chaque acteur du système de santé à considérer la spiritualité comme une composante essentielle du soin, méritant attention et respect.

En conclusion, nous espérons que ce rapport servira de catalyseur pour un changement de paradigme dans les soins de santé, où l'accompagnement spirituel est valorisé et intégré comme un aspect fondamental de la prise en charge des patients. C'est avec optimisme que nous envisageons l'avenir des soins hospitaliers, un avenir où la dimension spirituelle occupe la place centrale qui lui revient.

Processus de professionnalisation et d’intégration d’un service d’aumônerie en milieu hospitalier

La professionnalisation de l'accompagnement spirituel en milieu de santé nécessite une approche holistique qui intègre les complexités des liens institutionnels, le développement d'une identité professionnelle spécifique, et la sensibilité à la culture propre à chaque institution. Voici une synthèse incorporant ces aspects essentiels :

Intégration des Liens Institutionnels

La professionnalisation doit tenir compte des relations étroites entre les accompagnants spirituels et les institutions hospitalières, ainsi que de leur affiliation potentielle avec des églises ou d'autres communautés religieuses. Cette reconnaissance permet d'adapter l'accompagnement spirituel aux structures et aux attentes spécifiques de chaque institution, facilitant ainsi une collaboration efficace avec les équipes soignantes et une meilleure intégration des services spirituels dans les parcours de soins.

Développement de l'Identité Professionnelle

Le processus doit également encourager les accompagnants spirituels à développer une identité professionnelle qui reflète leur rôle intégré au sein des équipes de soins, tout en respectant leur mission spirituelle ou religieuse. Cette identité professionnelle, en constante évolution, nécessite une adaptation aux contextes institutionnels variés et aux besoins changeants des patients, garantissant ainsi un accompagnement spirituel pertinent et sensible.

Sensibilité à la Culture Institutionnelle

La sensibilité à la culture de chaque institution est cruciale pour assurer que l'accompagnement spirituel soit en harmonie avec les valeurs, l'histoire, et les pratiques spécifiques de chaque milieu de soins. L'intégration de compétences liées à la sensibilité et à l'adaptabilité culturelles dans le référentiel de professionnalisation permet aux accompagnants spirituels de mieux naviguer dans la diversité des environnements institutionnels, offrant un soutien spirituel respectueux et efficace.

Processus de Professionnalisation Holistique

Pour atteindre une professionnalisation réussie, il est essentiel d'adopter une démarche collaborative entre les différentes régions ou provinces qui reflète la diversité des perspectives et des pratiques en matière d'accompagnement spirituel. Ce processus comprend l'état des lieux des compétences existantes, le développement et la validation d'un cadre de compétences commun qui intègre les aspects mentionnés, et l'établissement de mécanismes d'évaluation et d'assurance qualité pour les compétences opérationnelles. La réévaluation périodique du référentiel de compétences assure son adaptation continue aux évolutions culturelles, institutionnelles et sociétales.

En somme, la professionnalisation de l'accompagnement spirituel en milieu de santé exige une approche nuancée et inclusive, qui reconnaît l'importance des liens institutionnels , le développement d'une identité professionnelle adaptée, et la sensibilité à la culture des institutions. Cet effort conjoint favorise un accompagnement spirituel intégré, respectueux et efficace, répondant aux besoins complexes des patients dans le cadre des soins de santé contemporains.

Clés pour l'Intégration de l'Accompagnement Spirituel dans les Services de Santé

Pour développer des compétences en accompagnement spirituel dans un service de santé qui n'en dispose pas, il est essentiel de :

1. Intégrer l'accompagnement spirituel dans le cadre institutionnel : Reconnaître son importance pour le bien-être global des patients et l'intégrer dans les soins de santé de manière holistique.

2. Développer une identité professionnelle spécifique : Équilibrer la mission spirituelle ou religieuse avec le rôle au sein de l'équipe de soins, en respectant le contexte culturel de l'institution.

3. Travailler en collaboration : Encourager un processus collaboratif à travers différentes régions pour refléter diverses perspectives, établir un cadre commun de compétences et implémenter des mécanismes d'assurance qualité.

4. Se concentrer sur les compétences clés : Comprendre les compétences nécessaires telles que la conscience de soi et du champ d'activité, la gestion de l'identité professionnelle et spirituelle, les stratégies d'intervention, la collaboration interdisciplinaire, les pratiques éthiques, le développement professionnel et l'auto-soin.

Ces éléments contribuent à un accompagnement spirituel respectueux, efficace et adapté aux besoins complexes des patients dans les établissement de soins de santé.

Conclusion

Conscients de la complexité de la mise en œuvre d'un tel service et de la nécessité d'un cadre de référence solide et adaptatif, nous avons le plaisir d'annoncer que nous mettrons à disposition une sélection de documents issus de différentes institutions déjà engagées dans un processus de professionnalisation de l'accompagnement spirituel. Ces documents, soigneusement sélectionnés pour leur pertinence et leur applicabilité, représentent une ressource inestimable pour tous ceux qui aspirent à développer ou à améliorer un service d'accompagnement spirituel en milieu de santé.

Ces ressources incluront des guides pratiques, des études de cas, des cadres théoriques, ainsi que des exemples de meilleures pratiques et de formations disponibles. Leur objectif est de fournir des outils concrets et des inspirations pour surmonter les défis inhérents à cette noble tâche et pour favoriser un environnement de soin qui accorde une place centrale à la spiritualité.

Nous espérons que la mise à disposition de ces documents encouragera le partage de connaissances et d'expériences entre institutions et professionnels, enrichissant ainsi le champ de l'accompagnement spirituel en milieu de santé. Nous invitons chacun·e à consulter ces ressources, à les intégrer dans vos pratiques et à contribuer, à votre tour, à l'évolution de ce domaine essentiel.

Ensemble, nous pouvons œuvrer pour une approche des soins qui honore pleinement la complexité et la richesse de la condition humaine. L'accompagnement spirituel, par sa capacité à toucher l'essence même de nos vies, joue un rôle crucial dans cette quête. Il est de notre responsabilité collective de le cultiver avec sagesse, compassion et professionnalisme.

Cette conclusion résume les intentions et les engagements pris au terme du rapport, tout en ouvrant la voie à une collaboration et un partage de connaissances futurs dans le domaine de l'accompagnement spirituel en milieu de santé.

Rapport du séminaire final

1. Membres du groupe de travail

Ont coordonné le travail :

- Cosette Odier, L.Th., superviseure enseignante, présidente de la Commission de formation du RESSPIR

- Mario Drouin, MTH, responsable de formation et d’enseignement à l’aumônerie du CHUV, Lausanne

Membres actifs :

- Mario Bélanger. Professeur associé, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, coordonnateur professionnel pour le Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale, (Québec, Canada)

- Gilles Bradet, Professeur associé, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, agent de planification, programmation et recherche, responsable du secteur enseignement universitaire et superviseur professionnel au Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale, (Québec, Canada).

- Christine Cloutier, coordonnatrice professionnelle et agente de planification, de programmation et de recherche au Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale,(Québec, Canada)

- Myriam Gosseye, psychologue, aumônier d’hôpital, collaboratrice scientifique, Institut de recherche Religions, spiritualités, cultures, sociétés (Bruxelles, Belgique)

- Dominique Jacquemin, Professeur Faculté de théologie et d’études des religions, Louvain-la-Neuve, directeur RESSPIR de 2016 à 2024

-Johanne Lessard, chargée d'enseignement Faculté de théologie et de sciences religieuses et adjointe à la Chaire Religion, spiritualité et santé de l'Université Laval(Québec, Canada)

- Pascal Mösli, MAS theol., MAS Supervision und Coaching, Responsable des soins palliatifs et de l'aumônerie dans les institutions, Eglises réformées Berne-Jura-Soleure(Berne) Collaborateur du groupe de recherche Spiritual Care (Zurich, Suisse)

- Caroline Werbrouck, théologienne, aumônière en psychiatrie et déléguée de la Cipsa (Commission interdiocésaine de la pastorale de la santé francophone), Belgique

Participant.es :

- Jean-Marc Barreau, Professeur titulaire de la chaire Jean-Monbourquette, Université de Montréal, (Canada)

- Katia Boivin, coordinatrice régionale Centre Spiritualitésanté de la Capitale Nationale, (Québec, Canada)

- Marie-Chantale Couture, directrice Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale,(Québec, Canada)

- Marine El Hajj, Professeure associée, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, (Québec, Canada)

2. Historique

Ce groupe de travail a été organisé suite aux travaux du RESSPIR sur les référentiels de compétences de Spiritual Care élaborés pour les soignant.es. Le RESSPIR a d'abord traduit en français certains référentiels destinés aux professionnels de la santé. Ensuite un travail de comparaison devait être entrepris avec les référentiels pour les professionnels de l'accompagnement spirituel (nommés selon les lieux : aumôniers,accompagnant.es spirituel.les ou intervenant.es en soins spirituels). C'est alors qu'un constat a été à l'initiative de ce groupe: les référentiels pour l'accompagnement spirituel par des "spécialistes" en francophonie étaient soit locaux (propres à une institution) soit régionaux (par exemple pour la région de Québec). Un travail de comparaison n'était donc pas directement envisageable sans passer par une étape intermédiaire. Les collaboratrices du RESSPIR ont ainsi découvert qu’il n’existait pas de référentiels largement reconnus dans le domaine des soins spirituels offerts par des aumôniers ou intervenant.es en soins spirituels.

Le comité du RESSPIR a donc sollicité des centres de formation et d’interventions en soins spirituels pour former un groupe de travail. Des personnes représentant leur lieu de travail de Suisse, du Québec et de Belgique se sont montrées intéressées à ce projet qui a commencé ses travaux en janvier 2022.

3. Objectifs

Les objectifs de ce groupe de travail étaient dans un premier temps : de faire un état des lieux de ce qui existe comme référentiel de compétences des professionnels du spirituel et d’évaluer la possibilité d’établir un référentiel commun dans le respect des spécificités contextuelles.

Les membres de ce groupe ont pu dépasser cet objectif en proposant des domaines de compétences reconnus par tous. Ils ont pu, par ailleurs, soumettre ces domaines à environ quatre-vingts personnes lors d’un atelier du colloque RESSPIR qui a eu lieu en avril 2023. Les remarques et propositions des membres du RESSPIR ont pu être intégrées dans ce document.

4. Méthode

Dans un premier temps, chaque centre (Québec, Lausanne, Berne, Belgique), représenté par les membres du groupe de travail, a présenté le type d’accompagnement spirituel pratiqué dans son contexte, les compétences retenues, les liens interprofessionnels développés.

Dans un second, une discussion a permis l’ébauche d’une première synthèse.

Dans un troisième temps, les dernières séances ont eu pour but d’arriver à un consensus sur les domaines essentiels à retenir pour établir un référentiel de compétences commun. Et comme mentionné plus haut, le résultat de ces travaux a pu être soumis à des membres du RESSPIR et leurs remarques et propositions intégrées dans le rapport.

5. Séances

Huit séances de deux heures, dont une de préparation du projet. Les séances ont été enregistrées et un rapport de chacune d’entre elles rédigé.

6. Vers des compétences davantage assurées et assumées des accompagnant.es spirituel.les en milieu de santé

L’accompagnement spirituel en milieu de soins a fortement évolué ces dernières années particulièrement par :

- le passage de la profession d’aumônier vers celle d’accompagnant.e spirituel.le.

- l’attente de la professionnalisation de l’accompagnement spirituel en milieu de santé

- la contextualisation et donc de la différenciation selon les contextes.

Fort de ces constatations, le groupe de travail s’est réuni pour partager ses réflexions et proposer certains domaines de compétences incontournables. Sans prétention de proposer un « modèle de professionnalisation », il semble important de pouvoir aider à penser cette transformation.

En effet, que l’on soit en Belgique, au Canada ou en Suisse, l’évolution du rapport de la société avec le phénomène religieux présente beaucoup de ressemblances. L’accompagnement spirituel en milieu de santé s’est ouvert aux différentes conceptions de spiritualité non exclusivement religieuse dans une société sécularisée. Il s’est davantage sensibilisé aux différentes formes de spiritualités contemporaines et a reconnu la nécessité de formuler des compétences pour la rencontre des patient.es. Une évolution marquante est celle de la charte de l’ONU de Bangkok (2005) où la notion de spiritualité est reconnue comme faisant partie intégrante de la santé, prenant de la sorte une importance nouvelle dans les milieux de la santé. Dans cette même dynamique, elle incite les professionnel.les de l’accompagnement spirituel à l’élargissement du champ religieux vers un champ spirituel et religieux.

A. La professionnalisation du travail d’accompagnement spirituel

Quel que soit le contexte, la professionnalisation de l’accompagnement spirituel est apparue comme une attente et une constante dans un nombre toujours plus important de lieux de soins et de santé. C’est ce besoin de professionnalisation pour un accompagnement plus ajusté à la réalité de la patientèle et pour une meilleure reconnaissance de l’accompagnement spirituel en milieu laïc de santé qui incite, de nos jours, à affiner la formation des intervenant.es et à établir de la sorte des référentiels de compétences. Ceux-ci permettent, d’une part, de rendre compte de la pertinence de l’accompagnement spirituel et, d’autre part, d’évaluer les compétences des personnes engagées pour cet accompagnement spirituel et/ou religieux.

B. Importance du contexte

La formulation des référentiels de compétences dépend largement du milieu, du moment où ils sont élaborés, des personnes qui les élaborent et de leur intention. Ils dépendent de la manière dont s’opère l’évolution mentionnée ci-dessus, des modalités et du rythme de cette transformation. Trois principales variables marquent le développement des référentiels de compétences :

- les rapports entre Etat et Eglises/communautés religieuses

- les valeurs et l’historique de l’institution hospitalière

- les liens entre l’organisation de l’accompagnement spirituel et religieux en milieu de soins et l’université et/ou un ordre professionnel

C. Évaluation des compétences et contrôle de la qualité

Comme suite à la formulation de référentiels de compétences, il apparaît nécessaire de penser aussi dans l’avenir le contrôle de qualité de ces compétences opérationnelles. Un processus comparable à celui de l'évaluation des compétences dans d'autres disciplines des soins de santé doit encore être développé. Ce processus d'assurance qualité porterait par exemple sur les connaissances, la compréhension des procédures d'action de l'aumônerie ou du service d’accompagnement spirituel et les compétences cliniques attestées par des verbatims/rapports de cas ou un examen standardisé du patient/une rencontre simulée.

7. Domaines de compétences communs

Chaque centre a développé son référentiel de compétences à partir de modèles théoriques différents. Ces différences représentent ainsi un réel défi pour arriver à un référentiel commun.

Dans l’état actuel de nos travaux, nous avons pu mettre en évidence sept domaines de compétences incontournables : quatre domaines de compétences spécifiques et trois domaines de compétences transversales :

 

Les domaines spécifiques :

1.     Connaissance de soi et du milieu et de la discipline

- Prendre conscience de ses propres dynamiques relationnelles ainsi que de sa spiritualité.

- Connaître les principales mouvances spirituelles, philosophiques, religieuses, éthiques et convictionnelles qui ont cours dans le pays, l’institution hospitalière où s’exerce la pratique.

- Connaître les enjeux de l’accompagnement spirituel en milieu de soins.

- Connaître les autres métiers présents dans les hôpitaux et leurs spécificités.

- Articuler une réflexion théologique ou de science religieuse autour de la souffrance, de la maladie et de la mort

 

2.     Dynamisme entre les identités personnelle, professionnelle et spirituelle

- Vivre de sa propre spiritualité et être capable d’en rendre compte.

- Développer et dynamiser une identité professionnelle en lien avec sa spiritualité.

- Être capable de réflexion sur son expérience de foi, fondée sur les connaissances théologiques, anthropologiques et pastorales.

- Être capable de distinction et de décentrement dans la relation d’accompagnement tout en étant conscient de la singularité de sa spiritualité.

 

3.     Intervention

- Préparer l’intervention en tenant compte de l’information disponible.

- Discerner et valider l’opportunité de l’intervention.

- Créer un espace de temps et de lieu favorisant la rencontre et le cheminement.

- Accompagner l’autre par une écoute active et mettre en place les stratégies appropriées.

- Conclure de manière opportune et valoriser ce qui vient de se vivre.

- Assurer le suivi si nécessaire.

 

4.     Collaboration interdisciplinaire

- Respecter les différents champs d’action des professionnels et collaborer en fonction des ressources disponibles et d’une manière efficiente.

- Discerner et restituer les informations nécessaires pour la prise en compte de la spiritualité dans le projet de soin.

 

Les domaines transversaux :

1.     Ethique, posture critique

- Développer son jugement clinique concernant les enjeux éthiques spécifiques.

- Appliquer les principes déontologiques de la profession.

- Favoriser, faciliter et appuyer la prise de décisions éthiques dans son milieu de travail.

 

2.     Rayonnement et développement de la profession

- Savoir rendre compte du rôle de l’accompagnement spirituel en milieu de santé et des services sociaux.

- Être sensibilisé à l’importance de la recherche en soins spirituels et tenir compte des résultats de celle-ci.

 

3.     Soin de soi

- Réviser de façon critique et continue sa pratique professionnelle par des intervisions et de la supervision.

- Tenir compte de l’impact de son propre environnement social, culturel, spirituel, religieux, etc. sur ses relations avec les personnes et les groupes.

- Actualiser régulièrement ses compétences, par de la formation continue.

 

8. Conclusion

Ces deux ans de partage et de réflexion ont permis de mettre en évidence 7 domaines dans lesquels les compétences doivent être affinées en fonction des contextes et des possibilités de chaque centre ou lieu d’intervention.

Nous sommes bien conscients que ce travail n'est qu'une amorce et que d'autres étapes seront à prévoir pour qu'un référentiel de compétences soit opérationnel (identification de sous-compétences et de critères d'évaluation gradués selon le degré de maîtrise, proposition de plans d'acquisition ou de perfectionnement, etc.)

Cela pourrait se faire isolément dans chaque établissement, mais nous croyons qu'il y aurait avantage à ce qu'un travail commun soit entrepris, tout en respectant les spécificités de chacun. Au RESSPIR de décider quelle orientation serait la plus pertinente !

Extraits de la websérie RESPIRE Saison 2