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A la recherche d'une texture dans les recherches interculturelles sur la schizophrénie. Contributions anthropologiques

Corin, E., Thara, R., & Padmavati, R. (2004). Evolution psychiatrique, 69(1), 91-112.

L'anthropologie et la psychiatrie partagent une longue histoire de collaboration. De plus en plus cependant, les questions qu'elles posent, leur langage expert et leurs approches semblent se développer dans des territoires séparés entre lesquels il semble difficile d'établir un dialogue. Les auteurs situent leurs réflexions sur la contribution de l'anthropologie à la science et à la clinique psychiatriques contemporaines sur l'horizon d'une articulation entre évidences et théories. Elles illustrent leur propos à partir des résultats de recherches interculturelles sur le cours de la schizophrénie. Alors que ces études indiquent de manière répétée que le pronostic de la schizophrénie est plus favorable dans les pays en développement, les variables examinées dans ces études s'avèrent incapables d'expliquer les différences observées. Une première piste de travail qui s'offre ici passe par une interrogation sur la construction de la notion d'évidence en recherche, sur les « résidus » qu'excluent les paradigmes de recherche dominants et sur leur signification possible. Une seconde voie de recherche s'appuie sur une réflexion concernant la manière dont le milieu social et culturel est susceptible d'influencer une expérience de soi et du monde altérée par la psychose. Pour illustrer cette seconde approche, les auteurs évoquent des études en cours dans le Sud de l'Inde auprès de patients en début de psychose et de leur famille. Elles en présentent brièvement le contexte, la méthodologie et certains résultats. Elles en discutent également les implications conceptuelles à partir des notions d'idiome culturel et de travail de la culture.Anthropology and psychiatry have a long history of collaboration. However, the questions they ask, their expert languages and their approaches appear to develop more and more within separate territories. The authors' reflections concerning the contribution of anthropology to psychiatry science and clinical practice develop under the horizon of an articulation between evidence and theory. They illustrate their argument on the basis of the results of cross-cultural research about the outcome of schizophrenia. While cross-cultural research indicates that the prognosis of schizophrenia is better in developing countries, the variables documented in these studies prove to be insufficient to explain the observed differences. A first avenue of research that is explored here builds on a questioning of the very notion of evidence, its residues and their possible significance. A second avenue leans on a reflection about the ways the social and cultural context might influence an experience of oneself and the world altered by psychosis. To illustrate this second approach, the authors evoke ongoing studies in South India with recently diagnosed psychotic patients and their families. They present briefly the context of these studies, the methodology and a few results. Conceptual implications are discussed in reference to the notions of cultural idiom and the work of culture.

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